De l’inconfort à l’action : comment Aude Vicaire transforme le doute en moteur.
glowcoaching
Bienvenue dans Beyond the Role, le podcast qui met en avant les femmes dans le leadership.
Merci infiniment, Aude Vicaire, d'être avec nous aujourd'hui.
On va te présenter un petit peu.
Tu es CEO de MarketPay Tech, l'entité tech de MarketPay.
Merci infiniment de participer à ce podcast.
J'ai plein de petites questions à te poser.
Je trouve que ton parcours est juste incroyable, comme toutes les femmes qui sont à ce podcast.
Mais je voudrais quand même partager une petite anecdote.
C'est que tout le monde au bureau connaît ton chat.
Je trouve que c'est absolument génial et très marrant.
En tout cas, merci de faire partie de ce podcast.
Aude Vicaire
Merci pour l'invitation et ravie d'être là avec toi.
glowcoaching
On est ravie aussi. Écoute, on va démarrer avec les deux premières questions.
Quelle est la définition du leadership pour toi ?
Aude Vicaire
Alors pour moi, le leadership, c'est vraiment une capacité de construire et de donner une vision et surtout d'embarquer du monde vers cette vision.
Évidemment, il y a plusieurs types de leadership.
On n'a pas tous la même manière de l'être.
Mais pour moi, c'est vraiment réussir à faire adhérer et à embarquer du monde, que ce soit d'ailleurs des collaborateurs, une entreprise, des clients, une communauté.
Ça peut se définir de plusieurs manières, mais il y a des personnes inspirantes qui vont faire grandir et faire adhérer à une vision.
Et ça, pour moi, c'est vraiment le type du leadership.
glowcoaching
Et quand tu dis une personne inspirante, est-ce que tu peux nous dire un petit peu plus ce que c’est pour toi une personne inspirante ?
J’imagine que des personnes autour de toi t’inspirent.
Qu’est-ce qui t’inspire du coup ?
Aude Vicaire
Comme pour moi, effectivement, il y a différents types de leadership, je ne vais pas forcément avoir les mêmes analyses selon justement les personnes.
Il y en a qui vont vraiment avoir un charisme, qui vont rayonner et qui vont donner envie de les suivre.
D'autres, ça va être par une expertise très pointue, une capacité quand même à la communiquer, qui vont pouvoir aussi donner envie d'aller plus loin ou d'avancer.
Donc je pense que ça dépend des manières de l'exprimer.
glowcoaching
Hum.
Aude Vicaire
Mais quand on parle de charisme, il y a quand même… C’est peut-être un peu bizarre de dire ça, mais il y a quand même des gens qui vont dégager quelque chose de plus, qui vont avoir un truc en plus, encore une fois, qui peuvent s’exprimer de différentes manières, mais qui vont sortir de la moyenne.
Voilà.
glowcoaching
Ouais, c’est hyper intéressant ce que tu dis, parce qu’en effet, je pense que… Alors bien évidemment, ce podcast, il est là pour parler de leadership en général.
Mais j’ai beaucoup de personnes qui sont dans des codir et des comex.
C’est que des femmes qui font partie de ces réunions-là.
Mais je pense qu’en effet, être leader n’est pas simplement réservé aux personnes dans ces postes-là.
Et justement, on a tout plein d’autres personnes qui sont ailleurs dans l’entreprise, à tous les niveaux, qui vont nous apporter leur leadership à leur manière.
Et ces formes de leadership sont hyper précieuses pour la performance de l’entreprise, pour qu’elle fonctionne, pour que les gens aient envie d’y rester.
Tu parles de leadership de personnes expertes, mais il y a aussi le leadership de quelqu’un qui va générer de la cohésion, faire en sorte que les gens soient ensemble, etc.
C’est beau ce que tu dis, parce qu’en fait, le leadership, ce n’est pas simplement diriger une équipe, c’est aussi partager d’autres choses, c’est ça ?
Aude Vicaire
Et inversement, je dirais qu’il y a des gens qui vont diriger des équipes, mais qui n’auront pas ce leadership.
Donc ce n’est pas une relation d’équivalence.
On peut très bien être dans un codir ou un comex et ne pas être un grand leader.
Et à l’inverse, ne pas du tout être dans un organe de direction, mais à son niveau, exprimer quelque chose qui fait qu’on est un leader.
Et ce n’est pas que dans le monde professionnel d’ailleurs.
Ça va bien au-delà.
C’est pour ça que je dis qu’il y a différents types de leadership, exprimés de manières très différentes.
glowcoaching
Eh bien, ça me permet de rebondir sur la deuxième question que je pose tout le temps, c’est : quelle est ta définition de l’ambition, du coup ? Peut-être pro-perso ?
Hum.
Hum hum.
Aude Vicaire
Alors déjà, j’aime bien cette question et l’ambition, je trouve que c’est encore souvent un gros mot.
Quand on parle d’ambition, ça peut aussi avoir une connotation négative ou être un peu mal vue.
Pour moi, ce que je mettrais derrière le mot ambition, c’est finalement avant tout l’envie de se réaliser.
Et ça peut passer par plein de manières différentes : se réaliser professionnellement, personnellement.
Tout le monde ne va pas être président de la République en disant que c’est l’ambition suprême ou maître du monde ou je ne sais quoi.
On peut avoir différentes volontés, mais c’est vraiment se réaliser.
Et après, ça veut dire aussi s’en donner les moyens, quel que soit l’enjeu ou l’objectif qu’on peut se fixer.
Aude Vicaire
Et peut-être un petit point plus personnel, mais pour moi, j’ai découvert mon ambition.
Ce n’est pas quelque chose où je me suis dit… alors si, quand j’étais plus… petite, on va dire plus jeune, je voulais être Première ministre pour changer les choses, certes, mais rapidement j’ai évolué dans une autre direction.
Mais je ne me suis pas dit, quand je serai grande, je serai au Comex. Pas du tout.
Ce n’était pas ça. Voire même, je n’avais pas forcément une idée très précise.
Donc je n’avais pas eu un chemin tracé. C’est plutôt les circonstances qui m’ont aussi amenée là où je suis.
Donc c’est quelque chose qui peut se révéler au fil de sa carrière ou au fil de sa vie, finalement.
glowcoaching
Donc toi, tu l’as découvert.
Alors, il y a un point marrant, en effet, la notion d’avoir toujours envie d’impacter.
Je pense que je l’ai eue parfois dans les définitions du leader.
C’est quelqu’un qui a envie d’impacter par une vision, etc.
Et donc, il y a cette notion d’impact que tu avais finalement un peu déjà avec cette idée de ministre.
Aude Vicaire
Oui. Changer les choses.
glowcoaching
Mais oui, c’est ça.
glowcoaching
J’aimerais bien aussi parler de pouvoir, parce que finalement, changer les choses, c’est aussi avoir le pouvoir de le faire, en fait.
Se donner l’autorisation de se dire que tu peux changer les choses.
Aude Vicaire
Tout à fait. Se donner les moyens, c’est exactement ça.
glowcoaching
Tu donnes les moyens ?
Aude Vicaire
En fait, c’est toujours avoir les moyens de ses ambitions.
Je pense que se donner des ambitions et après se dire : « de quoi j’ai besoin pour le faire ? »
Sinon, ça reste une idée un peu théorique.
Mais après, ça nécessite de l’implication forcément.
Aude Vicaire
Mais oui, c’est quelque chose qui s’est révélé pour moi.
Je dirais… je me suis découverte ambitieuse, finalement.
Mais ambitieuse au sens noble — je ne sais pas s’il y a un sens noble — mais en tout cas, dans un sens positif, disons.
Aude Vicaire
Et c’est à la naissance de mon fils.
Voilà. C’est en reprenant le boulot après le congé mat’,
où j’avais envie de conquérir le monde, en disant : « je ne suis pas juste une mère ».
J’ai découvert que j’avais envie de me réaliser.
Et que ma réalisation — certes, j’étais très heureuse d’être devenue mère — mais ça passait par plein d’autres choses que ça.
Et ça m’a, je dirais, motivée énormément d’un point de vue professionnel.
glowcoaching
C’est hyper intéressant parce que c’est un petit peu ce que je recherche moi quand je fais Beyond the Role.
Le but du podcast, c’est de montrer que, même avec un poste, on n’est pas, entre guillemets, réduit ou réduite à un rôle particulier.
C’est vraiment une vie globale que l’on fait.
On n’est pas réduit à un rôle particulier, que ce soit le rôle de maman, le rôle de parent ou un poste dans une entreprise, un niveau, une hiérarchie dans une entreprise.
J’aime bien montrer qu’en fait, tu peux faire plusieurs choses dans ton quotidien, avoir plusieurs ambitions, tu peux avoir plusieurs casquettes.
Il y a des personnes qui sont aussi investisseurs à côté, il y a des personnes qui bossent dans des assos, qui sont bénévoles dans des assos à côté.
En fait, ton ambition, elle doit répondre à différents besoins que tu as en tant que personne.
Et en effet, parfois le besoin, c’est d’impacter.
Et donc impacter, on a besoin d’avoir un poste avec du pouvoir.
Et donc, ça m’intéresserait – je rebondis sur la partie pouvoir – qu’est-ce que tu… Comment ce mot résonne ?
glowcoaching
On a dit tout à l’heure que la notion d’ambition était encore assez tabou.
On n’aime pas trop parler d’ambition et dire que les femmes sont ambitieuses ou que les hommes sont ambitieux.
C’est peut-être un petit peu plus courant chez les hommes.
Mais il y a aussi cette notion de pouvoir.
On dit souvent aussi, tu sais, il y a des phrases qui reviennent, des croyances un peu de : si t’as du pouvoir, alors tu deviens quelqu’un de pas bien.
Il y a un peu la même chose avec l’argent d’ailleurs.
Mais un peu ce truc de : plus t’as du pouvoir, plus c’est négatif.
Ça devient un peu "sale", aussi.
C’est associé à beaucoup de choses un peu négatives.
Qu’est-ce que t’en penses, toi ?
Aude Vicaire
Pour moi, avoir du pouvoir – alors ça dépend comment on l’utilise – mais c’est aussi une capacité d’impact, d’être capable d’impacter.
Ça rejoint les moyens qu’on a.
Et finalement : grand pouvoir égale grande responsabilité, non ?
glowcoaching
Bien sûr.
Spider-Man.
Ouais, c’est vrai.
Aude Vicaire
Peut-être. Mais c’est finalement, et ça, c’est quelque chose que j’ai découvert en prenant des responsabilités, c’est que j’aimais ça.
Et pourquoi j’aime ça ?
Pas pour avoir les barrettes ou le titre.
C’est finalement pour avoir les moyens d’agir, d’impacter, d’apporter ma pierre à l’édifice et d’améliorer les choses.
Pour moi, c’est quelque chose qui résonne très fortement en moi, de pouvoir contribuer à changer les choses, en voyant que ma décision, elle va avoir un impact très concret.
Alors, je vais tout faire pour que ce soit un impact positif, que ça contribue à améliorer le développement de la société, etc., bien sûr.
Mais ça veut dire aussi que, oui, je prends aussi le risque de me tromper et de prendre des décisions qui ne seront pas les bonnes.
Mais ça fait partie du job.
C’est aussi ma responsabilité.
Et pour moi, ça va avec la notion de pouvoir.
glowcoaching
Oui, complètement.
Et justement, on en vient aux pouvoirs « négatifs » dont on parlait tout à l’heure.
Je pense que ça vient de ce qui est beaucoup montré.
Et finalement, on montre beaucoup plus souvent quand ça ne se passe pas bien, quand les gens abusent du pouvoir, que quand le pouvoir est utilisé de façon bienveillante ou positive.
Je pense que c’est aussi la vision qu’on montre.
Aude Vicaire
Évidemment. Alors que je… j’ai pas de statistiques évidemment, mais je suis à peu près persuadée que la plupart du temps, finalement, ce pouvoir est utilisé à bon escient.
Si je prends juste le domaine professionnel : quand on a des patrons d’entreprise, des entrepreneurs, des membres du comex, etc., tout ce qu’on veut, c’est développer l’entreprise, faire en sorte de pouvoir recruter, de mieux payer les collaborateurs, d’avoir plus de clients, de faire grandir la société.
C’est le moteur : apporter des solutions à des problématiques que rencontrent nos clients.
C’est le moteur de la plupart du monde.
Oui, il va y avoir des gens qui vont dévoyer ces principes pour leur usage personnel.
Mais je dirais, pour moi, c’est l’exception.
Le problème, c’est qu’on parle beaucoup plus des exceptions que de la majorité.
Parce que ça fait plus de buzz.
glowcoaching
Qu’est-ce que tu pourrais dire à quelqu’un qui nous écoute, qui est peut-être manager d’une équipe, et qui a un peu peur de prendre ses responsabilités ?
À qui on a peut-être proposé un poste et qui est en train de réfléchir ?
Aude Vicaire
Alors, mon conseil, c’est qu’il faut oser.
Il faut y aller.
Il faut y aller et prendre ce risque.
Et puis, finalement, peut-être que ça ne marchera pas.
Mais au moins, il n’y aura pas de regrets.
Au moins, on aura essayé.
Et je me dis, la vie est courte.
Quand on a ces opportunités qui nous arrivent, il faut savoir les voir.
C’est le premier pas, je dirais : savoir reconnaître que, oui, en fait, je suis persuadée qu’on a tous plein d’opportunités, mais qu’en fonction de notre ouverture d’esprit, de notre capacité à aller voir, on va les identifier… ou on va passer à côté.
Donc c’est être capable de les identifier et puis de se dire : je suis prêt à y aller.
Alors, bien sûr, il y a des circonstances où parfois on n’est pas capable de le prendre, mais je pense que la plupart du temps, il faut oser dire oui, oser essayer.
Et puis, à mon avis, si jamais ça ne marche pas, ce n’est pas grave.
Au moins on aura essayé.
glowcoaching
On dit justement que les bons leaders sont des personnes qui prennent des décisions rapidement.
Est-ce que tu es d’accord avec cette phrase ? Qu’est-ce que tu en penses ?
Aude Vicaire
Alors… en tout cas, moi, je sais que oui.
J’ai parfois tendance, d’ailleurs, à d’abord agir et après réfléchir.
Ça peut jouer des tours, certes, mais je pense qu’il y a plusieurs écoles.
Mon école, ce qui me convient mieux, c’est plutôt de dire : je vois où je veux aller, je vois ce que je veux faire.
D’ailleurs, je vais mobiliser les équipes – c’est un truc que j’aime bien – pour faire en sorte de mobiliser les bonnes expertises, mettre tout le monde ensemble pour y arriver, et transformer… et y aller.
Ça, j’aime bien que ça aille vite.
Et puis, si on prend un chemin et que ce n’est pas le bon, ce n’est pas grave, on arrête, on change de chemin, on ajuste… et on avance.
Mais voilà, d’avancer.
Il y a une autre école qui va plutôt dire : pas trop faire de vagues, tout bien analyser…
Pour moi, on ne peut jamais tout analyser.
Il y a trop de paramètres à prendre en compte.
Donc il faut 80/20.
Quand on a une idée, il faut y aller, essayer et se confronter à la réalité.
Parce que finalement, la théorie… on n’aura jamais fait le tour.
Et la réalité ne sera jamais ce qu’on avait prévu.
Donc on peut prévoir plusieurs scénarios : scénario A, B, C…
Et finalement celui qui va arriver, ce sera le scénario Z !
Mais on pourra y répondre, parce qu’on aura préparé et on pourra utiliser les briques auxquelles on avait réfléchi.
Mais je déteste le surplace.
Je préfère la transformation, je préfère avancer, changer les choses.
Ça veut dire, quand même – et ça j’en suis consciente – sortir de sa zone de confort.
Et parfois pour les équipes, ce n’est pas toujours évident à suivre.
glowcoaching
Bien sûr.
On dit souvent que plus on sort de la zone de confort, plus ça devient confortable.
Aude Vicaire
Je partage.
C’est un entraînement.
Et c’est aussi un exercice.
Je pense que plus on le fait, plus ça devient facile.
Et c’est moins impressionnant, ça fait moins peur.
Et ça, je pense qu’en fonction d’où on part, certains ont vraiment plus confiance ou sont plus à l’aise avec l’inconnu que d’autres.
Moi, ça a été un cheminement.
Ça m’a pris du temps.
Néanmoins, je dois dire que c’est un peu une drogue aussi.
glowcoaching
Ouais, mais il y a l’adrénaline qui va avec !
Donc au niveau des hormones, sortir de sa zone de confort permet d’alimenter aussi certaines choses de manière différente que parfois juste le sport ou ce genre de choses.
Aude Vicaire
Exactement.
Et puis, si on veut que les choses arrivent – et ça, c’est un de mes moteurs – il faut agir.
glowcoaching
Ouais.
Ouais.
Aude Vicaire
Je pense que je l’ai réalisé assez jeune.
Quand j’étais enfant, avec mes parents, on déménageait tous les deux, trois ans.
Tous les deux, trois ans, on recommençait tout.
Il fallait une nouvelle école, de nouveaux amis, tout recommencer.
Et finalement, assez vite, j’ai réalisé que les gens avaient très bien vécu sans que je sois là.
Ils avaient très bien continué sans moi.
Et donc c’était à moi de faire l’effort d’aller vers eux.
Parce que finalement, eux, ils n’avaient aucun intérêt particulier à venir vers moi.
glowcoaching
De faire l’action.
Aude Vicaire
De faire l’action. Oui.
C’était logique, c’était normal que ce soit moi qui fasse le premier pas si je voulais que quelque chose se passe et que je puisse entrer en relation.
Et finalement, tous les deux, trois ans, c’était le même cycle.
Mais on se rend compte que, passé le premier moment un peu bizarre, les gens sont gentils, la plupart du temps.
glowcoaching
Ça s’est souvent bien passé.
Aude Vicaire
Et donc ils sont intéressés, ils sont curieux, et on entre en relation.
Et c’est quelque chose qui m’a servi aussi plus récemment.
Les premières fois où j’arrive à des événements où je ne connais personne…
Soit je passe l’événement toute seule dans un coin, soit j’entre en relation avec les personnes présentes.
C’est du networking.
Et c’est l’intérêt de ce type d’événement.
Donc il faut aller vers les autres.
Il faut entamer la conversation.
Il faut faire l’effort.
Il faut faire ce premier pas.
Et c’est payant.
glowcoaching
Complètement. Et ça rebondit avec la responsabilité dont tu parlais tout à l’heure.
En fait, on a aussi une responsabilité sur le résultat de notre quotidien.
Et tu l’as appris très jeune, j’ai l’impression, de te dire : « c’est de ma responsabilité si j’ai envie de passer un bon moment, si j’ai envie de me donner une chance ».
Bah c’est de passer à l’action.
En effet, peut-être que ça matchera pas à 100 %, mais par contre si je passe pas à l’action, ça matchera pas du tout. Et ça j’en suis sûre.
Et dans ton histoire, tu nous parles aussi de l’inconnu.
C’est-à-dire qu’il y a une répétition de « je vais découvrir l’inconnu encore ».
Et encore une fois, chaque fois que tu déménageais, tu redécouvrais l’inconnu : une autre classe, un autre prof, un autre environnement, une autre ville…
Je pense que ça, c’est quelque chose qui est intéressant.
Moi je le partage souvent dans les coachings : « va chercher l’inconnu ».
Sois responsable toi-même de l’inconnu que tu vas avoir autour de toi.
Parce qu’en fait, si toi, t’en es pas responsable et que t’attends que les autres t’amènent des chamboulements, des transformations…
soit tu vas attendre très longtemps, soit ça va être de l’inconnu hyper brutal.
Et tu vas avoir une énorme résistance dans ta tête, parce que ton cerveau, lui, il n’aime pas du tout l’inconnu.
D’où l’importance de s’entraîner pour que ça devienne de plus en plus confortable.
Donc j’aime bien ton histoire parce que ça remet vraiment au centre cette notion de responsabilité dont on parlait tout à l’heure.
Aude Vicaire
Oui, je partage.
Et comme je dis, ça devient une drogue.
Je reviens sur ce que je disais au début sur l’ambition : se donner une ambition, et se donner les moyens de cette ambition.
Finalement, c’est aussi : oui, on est responsable de soi.
Et encore une fois, les autres ont très bien vécu sans nous, ont très bien fait leur vie.
Donc si on veut qu’il se passe quelque chose, il faut le provoquer.
glowcoaching
C’est hyper intéressant aussi sur la partie… moi j’ai envie de creuser là-dessus.
Parce que là, on parle de networking, OK.
Mais rentrer dans une nouvelle équipe, rentrer dans un nouveau comex, prendre sa place, justement.
Aude Vicaire
Alors je dirais qu’il y a…
Déjà le premier point, c’est que si on entre au comex, pour moi, c’est qu’on a déjà démontré sa capacité.
On a déjà fait ses preuves.
Donc j’ai envie de dire : il s’agit d’avoir confiance en soi.
Si on arrive là, ce n’est pas par hasard.
Donc il faut continuer sur sa lancée.
Et de toute façon, pour moi, l’ingrédient de base, c’est le travail.
Il faut être solide sur ses acquis, il faut travailler, il faut s’impliquer, et il faut oser.
Il faut prendre sa place.
Encore une fois : si on arrive là, ce n’est pas par hasard.
Mais ensuite, il faut vraiment prendre sa place.
Il faut intervenir.
Il faut donner son point de vue.
Il ne faut pas avoir peur — toujours dans la construction, bien sûr.
Il ne faut pas avoir peur de donner son point de vue.
glowcoaching
Et justement, est-ce que tu peux nous partager un moment où tu as partagé ton point de vue en étant nouvelle ?
Nous donner un petit peu un exemple, une anecdote, peut-être des pratiques que tu as utilisées pour dire ton point de vue… tout en y mettant les formes, j’imagine ?
Aude Vicaire
Oui, bien sûr. En y mettant les formes, ça c’est sûr.
Savoir écouter, pour moi, c’est aussi un élément important.
Savoir écouter, ne pas couper la parole, laisser les autres s’exprimer — tout en gardant confiance.
Mais j’ai peut-être une anecdote…
Alors à l’époque, ce n’était pas un comex, c’était un codir.
J’ai eu un petit moment de solitude.
Je savais que c’était une réunion où on allait me demander un point de vue.
Et je n’étais pas forcément d’accord avec le président de la société.
Et j’avais vu avec un de mes collègues — sur le fond, en tout cas je pensais qu’on était tous les deux alignés sur ce qu’on voulait pousser —
mais ce n’était pas tout à fait en adéquation, encore une fois, avec ce que je savais de l’avis du président.
Et donc, quand le sujet est arrivé sur la table, j’expose mon point de vue.
Et là je me tourne vers mon collègue, qui je pensais allait abonder dans mon sens…
Et qui, à mon grand désespoir, dit : « mais non, pas du tout ».
Et là… il m’a laissée toute seule exprimer un point de vue différent de celui du président.
Mais je ne me suis pas démontée, parce que, encore une fois, j’étais droite dans mes bottes.
Le point de vue que je défendais, j’avais des arguments.
J’avais du fond.
Mais c’est vrai que sur le coup, je me suis retrouvée un peu seule à défendre une vision qui n’était pas forcément celle attendue.
glowcoaching
C’est là où on voit que tu as une force intérieure aussi.
Tu vois, à ce moment-là, où il y a une situation inconfortable — et Dieu sait qu’il y en a dans ces réunions-là —,
tu aurais pu soit ne rien dire, soit te rétracter.
Et tu as tenu.
Tu t’es tenue droite dans tes bottes, tu as présenté tes arguments…
Et ça, c’est hyper inspirant, parce qu’on a besoin de voir que, oui, parfois c’est inconfortable.
Mais si on est sûr de soi, si on sait pourquoi on est là, on peut tenir une posture.
Même si on est seul à ce moment-là.
Aude Vicaire
Oui, tout à fait.
Et je pense que ça, c’est quelque chose qui se travaille.
C’est aussi l’avantage de l’expérience.
C’est aussi l’avantage de bien connaître ses sujets.
Je pense qu’on ne peut pas tenir ce type de posture si on est creux.
Il faut qu’il y ait du fond.
Et après, il faut avoir cette confiance, justement, de pouvoir l’exprimer même si ça ne va pas plaire.
Et parfois, ça ne plaît pas.
Mais c’est aussi une manière de gagner du respect.
C’est une manière aussi de montrer qu’on est capable d’amener une contradiction constructive.
Et je pense que dans un comex, c’est attendu.
On ne nous met pas là pour dire oui à tout.
glowcoaching
Et dans ton expérience, tu dirais que tu as appris à sentir les alliés ?
Tu vois, ce fameux collègue-là, sur le coup, tu t’étais dit : « il est avec moi »…
Et puis en fait…
Est-ce que maintenant tu sens quand une salle est avec toi, quand elle ne l’est pas ?
Est-ce que tu as développé une forme d’intelligence de la pièce ?
Aude Vicaire
Oui. Alors, ça dépend évidemment du format.
Mais je pense qu’on apprend avec l’expérience à lire une salle.
Et moi j’aime bien aussi préparer.
Donc quand il y a des sujets un peu sensibles, je ne vais pas forcément attendre la réunion pour en parler.
Je vais essayer de préparer le terrain, d’aller sonder, d’avoir quelques discussions individuelles en amont pour savoir comment c’est perçu, est-ce qu’il y a des résistances…
Parce que je pense que la diplomatie aussi, ça fait partie du rôle.
Ce n’est pas juste de venir et balancer son idée.
C’est aussi de faire en sorte qu’elle ait une chance d’être entendue.
Et pour ça, il faut préparer, il faut construire, il faut bâtir les alliances, les coalitions parfois — dans le bon sens du terme.
glowcoaching
Mais bien sûr !
Et même, parfois, prendre soin des égos autour de la table.
Il y a des gens qui ont besoin qu’on leur montre qu’ils ont été écoutés avant.
Et qu’on les a considérés dans la prise de décision.
Et puis il y a des gens qui sont très très très forts, très stratégiques sur ces aspects-là.
Et d’autres qui s’en fichent.
Mais le fait de prendre cette responsabilité relationnelle, ça change tout.
Aude Vicaire
Oui. Et ça permet aussi d’anticiper les objections.
Quand on sait où ça va bloquer, on peut déjà amener des éléments de réponse, ou au moins montrer qu’on y a pensé.
Et puis, je trouve que c’est aussi une marque de respect pour les personnes autour de la table.
On les prend au sérieux, on prend en compte leur avis.
Même si on n’est pas forcément d’accord.
Mais on les écoute.
Et ça, je pense que ça construit aussi une confiance mutuelle, qui est clé dans ce genre de collectif.
glowcoaching
J’aime beaucoup ce que tu dis sur cette notion de diplomatie, d’anticipation, et de respect aussi de l’intelligence collective.
Parce que souvent, on dit « il faut plus de femmes dans les comex », et moi je dis : oui, mais pas à n’importe quel prix.
Il faut qu’elles puissent être elles-mêmes.
Et pour ça, il faut justement qu’on parle de ce type de sujet-là : prendre sa place, sans devenir quelqu’un d’autre.
Toi, est-ce que tu dirais que tu es restée toi-même dans ton parcours ?
Ou est-ce qu’il y a eu des moments où tu as dû, peut-être, un peu te « travestir » ou t’adapter plus que tu ne l’aurais voulu ?
Aude Vicaire
C’est une bonne question.
Alors, je pense qu’on s’adapte toujours un petit peu.
Mais j’ai vraiment fait en sorte de rester moi-même.
Et je pense que c’est ce qui fait aussi ma force.
Je ne suis pas dans le cliché de la dirigeante hyper autoritaire ou froide.
Je suis plutôt chaleureuse, j’essaie d’être accessible, d’être humaine.
Et c’est important pour moi de montrer qu’on peut être dirigeante sans perdre son humanité.
Et sans jouer un rôle.
Je suis exigeante, je suis claire sur les objectifs, sur les ambitions.
Mais je suis aussi à l’écoute, et je fais attention aux autres.
Et j’espère que ça montre aussi à d’autres femmes qu’on peut faire les choses différemment, qu’il n’y a pas qu’un seul modèle.
glowcoaching
Mais c’est clair !
Et ça, c’est un message que j’ai très envie de faire passer avec ce podcast.
Parce qu’on a encore beaucoup d’images du pouvoir très codées, très masculines aussi.
Et souvent, on croit qu’il faut imiter ça pour réussir.
Et je pense que ça crée un faux plafond invisible :
beaucoup de femmes se disent « si c’est ça le pouvoir, alors je n’en veux pas ».
Alors qu’en réalité, elles pourraient en redéfinir les codes.
Aude Vicaire
Exactement.
Et je pense qu’il faut s’autoriser à y aller avec sa propre couleur.
Avec sa personnalité.
Il n’y a pas besoin de jouer un rôle.
C’est comme ça qu’on crée des environnements plus inclusifs, plus sains aussi.
Et puis, je pense que ça rend plus durable aussi le leadership.
Quand tu n’as pas besoin de porter un masque, tu peux durer.
glowcoaching
Et justement, pour les femmes qui nous écoutent, qui aspirent peut-être à un rôle de direction, à un comex, mais qui doutent encore…
Qu’est-ce que tu aurais envie de leur dire ?
Qu’est-ce que tu aurais aimé qu’on te dise, toi, il y a 10 ou 15 ans ?
Aude Vicaire
Je dirais : vous êtes légitimes.
Il ne faut pas attendre que quelqu’un vienne vous dire que vous êtes prêtes.
Il ne faut pas attendre qu’on vienne vous chercher.
Il faut y aller, il faut lever la main, il faut dire ce que vous voulez.
Parce que souvent, on attend qu’on nous propose.
Mais en fait, ça ne fonctionne pas comme ça.
Il faut dire : « j’ai envie d’évoluer », « j’ai envie de plus de responsabilités »,
et après se mettre en mouvement pour aller vers ça.
Mais surtout : ne doutez pas de votre légitimité.
Vous avez une voix, vous avez une vision, et l’entreprise a besoin de vous.
Donc osez.
